Travail intérimaire en Allemagne : Anne, 24 ans, témoigne

« Je n’ai pas de contrat direct et pas de stabilité dans ma vie ! »

 Après mes études secondaires, j’ai obtenu une licence en administration des entreprises. J’ai cherché un emploi pendant six mois et toutes mes lettres de candidature étaient rejetées pour le même motif : « Vous n’avez pas d’expérience de travail » ou « Nous recherchons des personnes avec plus d’expérience »… Même lorsque les offres d’emploi annonçaient des postes pour de nouvelles recrues, on me disait : « Nous avons trouvé quelqu’un ayant plus d’expérience ».

En résumé, j’ai finalement obtenu un emploi à travers une agence d’intérim. Je travaille dans le département achats d’une grande entreprise qui se situe près de chez moi. Mais ce boulot ne demande pas de compétences universitaires. Mon salaire correspond plus ou moins à celui des personnes qui ont été engagées directement par l’entreprise pour le même poste, mais ces personnes travaillent avec un « acheteur » alors que je travaille seule.

Je me sens bien accueillie – la plupart de mes collègues ne savent même pas que je suis payée par une agence d’intérim. Je bénéficie des mêmes réductions que les employés engagés directement par la firme – par exemple, une réduction à la cantine. J’aime vraiment bien mon travail et mes collègues.

Mais je remarque malgré tout que je suis une employée intérimaire – surtout en ce qui concerne mes vacances et mon salaire. Les « employés directs » ont 30 jours de congé par an et ils ne travaillent pas la veille de Noël et la veille du Nouvel-An. Moi, par contre, j’ai 24 jours de congé par an (le minimum légal) et je suis obligée de prendre un jour de congé à ces deux dates (parce que l’entreprise ferme ces jours-là). Par ailleurs, J’ai plus difficile de prendre congé que les employés directs parce que je dois d’abord demander la permission à mon patron, puis je dois aller à l’agence pour qu’ils signent ma demande de congé.

Au Nouvel-An, les « employés directs » ont une augmentation. Moi, j’ai une sorte d’allocation, mais pas d’augmentation salariale.

Mon contrat stipule que j’ai une semaine de travail de 35 heures. Dans l’entreprise, l’horaire normal est de 39 heures, plus les heures supplémentaires. Je fais constamment des heures supplémentaires mais je ne suis payée que pour 35 heures, les autres heures sont créditées sur un compte horaire. Je ne reçois l’argent que lorsque mon compte horaire arrive à 150 heures.

Au départ, j’avais un contrat temporaire d’environ 9 mois. Quand j’ai demandé à mon patron avant la fin si je pouvais continuer, il était très surpris. Il pensait que j’avais un contrat d’un an. L’agence d’intérim a prolongé mon contrat de 9 mois. Je viens de demander à mon patron si l’entreprise pouvait m’engager directement, autrement j’allais chercher du travail ailleurs. Il m’a proposé de me donner un contrat direct à partir du 1^er juin. J’ai donc annulé mon contrat avec l’agence d’intérim mais jusqu’à présent (18 mai), je n’ai toujours pas vu le contrat de l’entreprise. S’ils m’en donnent un (je pense qu’ils le feront), il sera à durée déterminée. Et je ne pourrai probablement pas travailler comme « acheteuse », alors que j’ai les qualifications nécessaires.

utre point intéressant : mon patron m’a demandé combien je gagnais parce qu’il sait combien il paie à l’agence, mais pas combien l’agence me paie. Lorsque je l’ai informé de mon salaire horaire et de ma semaine des 35 heures, il était étonné. Il n’en savait rien !

Je vais continuer de poser ma candidature à des emplois qui m’intéressent dans la région. J’envoie des lettres de candidature. C’est dur pour moi parce que je ne peux pas faire de projets d’avenir. Et si j’obtiens un autre boulot, je ne pourrai pas prendre les vacances que j’ai prévues en début d’année. Avec mon travail d’intérimaire, je n’ai aucune stabilité dans ma vie.