Le séminaire organisé en Belgique par la JOCI en septembre dernier a été l’occasion d’interviewer des jeunes travailleurs de chaque continent. Antoine de Belgique, Doriabelle du Gabon, Meiver du Venezuela et Nanang d’Indonésie ont partagé leurs points de vue sur le monde du travail et l’action du mouvement.
Nanang, JOC d’Indonésie
Quels sont les principaux défis pour le mouvement dans ton continent en ce qui concerne le capitalisme ?
Dans notre continent, organiser les travailleurs dans les usines constitue un véritable défi ; leurs horaires de travail sont très longs et ils n’ont donc pas le temps de participer à nos réunions. Il y a aussi un manque de conscientisation : les travailleurs ne connaissent pas leurs droits. D’autres défis se posent, notamment l’individualisme et le consumérisme. Dans les usines, les employeurs (capitalistes) créent de la concurrence entre les travailleurs.
De plus, le gouvernement n’a pas adapté une bonne réglementation du travail ; par exemple il autorise les contrats de courte durée. Par voie de conséquence, les jeunes travailleurs n’ont pas de sécurité dans la vie, pas de revenus assurés et pas de protection sociale. Le gouvernement utilise la répression contre les travailleurs lorsqu’ils veulent former un syndicat. Quand une action est lancée contre les employeurs, la police arrive pour contrôler les travailleurs.
Que penses-tu du séminaire ?
J’aime bien ce séminaire. Il est important pour rencontrer des militants d’autres pays, pour développer une perception commune de la classe ouvrière, de la méthodologie et du capitalisme. Ce séminaire est l’occasion d’explorer les expériences d’autres pays pour connaître leurs problèmes et créer une solidarité.
Quel impact aura ce séminaire sur l’action au sein de ton mouvement national ?
C’est la première fois que je participe à ce genre de séminaire. Je partagerai les expériences avec le mouvement national d’Indonésie. Je ferai part des problèmes communs et des stratégies pour les surmonter, de façon à les mettre en œuvre dans notre mouvement national. Je dirai aux membres de mon mouvement national que nous avons un réseau et une solidarité à la JOC. C’est important parce que les militants indonésiens ont besoin de savoir que nous ne sommes pas seuls dans notre lutte, nous sommes tous ensemble. Il ne faut pas avoir peur !
Doriabelle, JOC du Gabon
Que penses-tu du séminaire?
Je pense qu’il est très bien. Nous avons beaucoup discuté de la réalité des jeunes travailleurs d’aujourd’hui. Nous avons également défini nos besoins communs, ainsi que nos stratégies pour aller de l’avant. J’ai appris plein de choses sur l’analyse et l’action, surtout sur le processus de développement de l’action, vers qui diriger l’action, avec qui et pourquoi.
Quel est l’élément le plus important que tu rapporteras à la JOC du Gabon ?
Ici nous avons une tribune d’échange entre jeunes de pays différents et d’origines différentes. C’est un moment où les jeunes peuvent exprimer leurs sentiments à propos de la réalité de leur pays et où ils peuvent élaborer un plan au niveau économique, politique et social. Lorsque je rentrerai au Gabon, j’aurai une réunion avec les jeunes travailleurs et j’organiserai une formation sur la tâche d’éducation et l’autofinancement de l’action.
Quel est le principal défi sur le plan de la méthodologie dans les actions ?
Le principal défi est de développer de nouvelles méthodes pour apprendre la méthodologie du mouvement. Dans l’action sur la microfinance au Gabon, j’ai constaté que l’application de la méthodologie dans le cadre de l’analyse et de l’action était insuffisante. Nous pouvons renforcer cela par la formation et la conscientisation.
Meiver, JOC du Venezuela
Que penses-tu du séminaire international?
En tant que mouvement international de jeunes, la JOC a un défi et une orientation sociale, c’est-à-dire une société sans classes, vivant en communautés d’amour et de lutte. Il s’agit de l’un des objectifs du mouvement qui est ressorti. Nous pouvons dire que le capitalisme a des politiques spécifiques qui prônent l’égoïsme, l’individualisme, le consumérisme et la concurrence entre les jeunes et entre les travailleurs afin de créer des divisions au sein de la classe ouvrière.
Quel impact aura ce séminaire sur l’action de ton mouvement national ?
Ce séminaire a été l’occasion de partager nos expériences d’action dans différents secteurs, d’étudier les causes et conséquences du système actuel, d’approfondir notre analyse de la réalité des jeunes dans tous les aspects de la vie, la réalité de ceux qui travaillent, de ceux qui sont sans emploi, de ceux qui étudient pour pouvoir trouver du boulot, de ceux qui vivent dans les quartiers, de ceux qui dépendent d’un salaire pour survivre. Nous avons pu nous forger une vision internationale. Ce séminaire international nous a aidés à identifier certains problèmes critiques auxquels est confronté le mouvement, par exemple comment vivre la caractéristique ouvrière de la JOC et comment les jeunes s’identifient à la classe ouvrière. Les informations et l’analyse que nous avons reçues ici seront transmises à la base. Cela nous aidera à rejoindre d’autres jeunes là où ils se trouvent et à prendre des mesures afin de promouvoir le changement à travers l’action.
À ton avis, quels sont les défis de la JOCI dans ton continent ?
Je vois différents défis : poursuivre le processus de formation avec les jeunes en tenant compte de notre méthodologie, le réviser pour voir comment nous le promouvons parmi les jeunes ; renforcer le mouvement, savoir où se trouvent les jeunes ; réviser le plan d’action continental ; définir les défis de la JOC au niveau de l’action, de la coordination et de la formation. D’autre part, nous devrions profiter de la rencontre continentale des Amériques pour inviter certains mouvements européens.
Antoine, JOC wallonne
Quels sont les principaux défis du mouvement dans ton continent du point de vue de la classe ouvrière ?
Le travail a changé au fil des ans ; aujourd’hui il est caractérisé par la flexibilité, la précarité et le chômage. L’Europe a connu un énorme changement, passant d’une économie industrielle à une économie de services. Le développement du travail fait qu’il est de plus en plus difficile pour les jeunes travailleurs de trouver une place dans la société. La flexibilité et la précarité affectent tous les aspects de la vie des jeunes travailleurs. Cela cause des problèmes sur le plan du logement, des projets de vie, et souvent, cela débouche sur de graves maladies physiques et mentales.
Que penses-tu du séminaire ?
C’est un bon séminaire. Nous avons analysé notre mouvement et les défis auxquels il est confronté et nous avons parlé de notre méthodologie. C’est cela la JOC : elle est organisée par et pour les jeunes travailleurs. Tout en évoluant, le mouvement connaît une solide continuité. C’est aussi un bon séminaire parce que nous avons rencontré d’autres personnes et découvert la réalité de jeunes travailleurs d’autres pays. Nous sommes comme une grande famille.
Quel impact aura ce séminaire sur l’action de ton mouvement national ?
Nous transmettrons les résultats du séminaire au secrétariat national et à la base. L’aspect international est très important pour nous, JOC wallonne. Nous avons analysé nos défis et objectifs communs ; maintenant nous allons nous en servir comme base pour la préparation du prochain conseil international en Allemagne.