« Mon nom est Fatima Hussain et je suis pakistanaise. J’ai 24 ans et je vis à Lahore. J’ai postulé à une multitude d’emplois dans différentes usines, mais en vain. Dans notre société, une fille qui travaille ne fait pas bonne impression, les gens n’aiment pas les femmes travailleuses.
J’ai donc décidé de devenir travailleuse domestique parce que c’est plus facile d’obtenir un emploi dans ce secteur. Mais les travailleurs domestiques ne sont pas bien payés. Ils touchent 1500 PKR par maison (15$US). J’étais très déçue par le salaire peu élevé et par la charge de travail supplémentaire. Je devais remplir des tâches qui n’avaient aucun rapport avec mon travail.
Un jour, j’ai découvert la JOC – c’était un jour magnifique. Lors d’une réunion, j’ai partagé mon expérience de travailleuse domestique et parlé des tâches supplémentaires.
Le groupe JOC a rédigé une lettre qu’il a envoyée au Conseil du travail, demandant que mon salaire soit augmenté et que des restrictions soient imposées pour que les travailleurs domestiques ne doivent pas effectuer de tâches supplémentaires. Un mois plus tard, la direction de la société de logement où je travaille a reçu une lettre du Conseil de travail communiquant que les travailleurs domestiques devaient être payés 2000 PKR par maison (20 $US) au lieu de 1500 et qu’il était interdit de leur donner des tâches supplémentaires. Maintenant je gagne 8000 PKR pour quatre maisons. Bien que cela ne suffise pas pour couvrir tous mes besoins quotidiens, je suis très contente et j’assiste régulièrement aux réunions de la JOC, dans l’espoir de pouvoir faire quelque chose de plus pour changer ma vie et celle des autres travailleurs.
Je rêve de prospérité et de paix pour mon pays, avec une égalité de droits et sans discrimination basée sur le genre. Je veux être reconnue comme travailleuse, tout comme mes camarades qui travaillent dans les usines et les hôpitaux. J’aimerais aussi bénéficier d’une protection sociale, par exemple d’une pension quand je prendrai ma retraite, mais plus que tout, je veux un meilleur salaire et des conditions de travail décentes. »
Ce témoignage est celui de Fatima et ce jour est son jour : le 16 juin est la Journée internationale des travailleurs domestiques ! Le saviez-vous ?
À cette occasion, la JOCI exprime sa solidarité envers tous les travailleurs domestiques du monde. Nous sommes unis dans une lutte commune. 67 millions de personnes à travers le monde, dont 83% de femmes et de filles[1], sont employées comme travailleurs domestiques pour des ménages de particuliers, sans compter les enfants domestiques. Nombreux sont ceux qui sont discriminés, harcelés, exploités et maltraités mentalement, physiquement et sexuellement au travail et dans la société, comme l’a relevé notre Conseil international 2016 dans son Plan d’action international. Ils sont confrontés à des horaires de travail pouvant aller jusqu’à 14 heures par jour et 7 jours par semaine. Beaucoup travaillent de manière informelle. Il n’est pas rare que les travailleurs domestiques doivent migrer dans un autre pays et ne puissent plus le quitter parce que leurs documents ont été confisqués par leurs employeurs.
Et il ne faut pas oublier le travail domestique des enfants ! Selon l’Organisation internationale du Travail, 17,2 millions d’enfants travaillent comme domestiques, mais un nombre indéterminé se trouve dans le travail domestique comme résultat du travail forcé et de la traite. Très souvent, cette situation va de pair avec des conditions de travail malsaines, notamment des violences mentales, physiques et/ou sexuelles. Le travail domestique des enfants touche toutes les régions du monde.[2]
Cette situation est clairement inacceptable. Elle est en contradiction avec les droits humains, les droits des travailleurs, les droits de l’enfant, les valeurs communes et l’évangile. Les jeunes travailleurs valent plus que tout l’or du monde !
Les jeunes femmes et hommes doivent être libérés de tout harcèlement sexuel, mental et psychologique. Nous, jeunes travailleurs et travailleuses, demandons de respecter notre droit à un travail juste et à une vie digne ! Cela comprend un revenu décent, une éducation gratuite, de qualité et progressiste, une protection sociale gratuite et transformatrice et le droit de nous organiser !
Nous exigeons que les travailleurs domestiques jouissent de tous les droits sociaux, y compris le droit aux vacances et au repos le week-end, un nombre maximum d’heures de travail journalières, des salaires équitables, ainsi que le droit et la possibilité de s’organiser ! Halte à la discrimination sur les lieux de travail et dans la société ! Abolition du travail domestique des enfants ! Que des enquêtes soient ouvertes et des sanctions imposées à ceux qui réduisent les gens en esclavage en confisquant leurs passeports !
Pour un travail juste, une égalité et une vie digne pour tous les jeunes travailleurs et travailleuses !