La JOCI en Allemagne pour un symposium sur la numérisation de la planète

Façonner activement la numérisation à travers le monde

C’est en collaboration avec le KAB (mouvement national du MMTC), le Weltnotwerk et KönzgenHaus qu’a été organisé à Cologne/Haltern, en décembre 2018, un symposium de deux jours intitulé « Le numérique à l’échelle mondiale : risques et opportunités pour le travail dans le futur ». La numérisation de la planète – dans le monde du travail et dans la vie quotidienne – peut-elle mettre fin à l’extrême pauvreté, aux inégalités et à l’injustice et donner lieu à une inversion des tendances sur le plan écologique ?

La numérisation engloutit les ressources et est une bombe à retardement écologique

« La numérisation ne réduit pas notre empreinte écologique ; au contraire, à elle seule, l’introduction de la conduite automobile autonome multiplierait la demande énergétique de façon extraordinaire en raison de l’augmentation extrême des flux de données », a souligné Sven Hilbig, chargé du commerce mondial à l’agence de développement Brot für die Welt. « La batterie d’une voiture électrique contient 10 000 fois plus de lithium que celle d’un téléphone portable. La hausse de la demande des matières premières provenant d’Afrique et d’Amérique du Sud est donc un sérieux problème pour la durabilité sociale et écologique dans l’hémisphère sud. Le commerce numérique, comme ici avec les matières premières, menace également de restreindre le développement des pays émergents ; les chaînes d’approvisionnement numérique augmentent la valeur ajoutée des entreprises et plateformes opérant au niveau mondial. »

Absence de réglementation législative pour les nouvelles formes de travail

Sarah Prenger, présidente de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne Internationale (JOCI), et Carolin Moch, coordinatrice nationale de la JOC allemande, ont partagé les expériences décrites lors d’un séminaire international organisé en Indonésie sur les effets d’une numérisation en croissance rapide dans un contexte mondial. Les jeunes tout particulièrement – et ceci partout dans le monde – sont forcés de gérer les nouvelles formes d’emploi rémunéré et de relever les défis que pose le monde du travail numérisé. Les défis qui découlent du développement technique ont été illustrés par des témoignages de jeunes travailleurs des quatre coins du monde, notamment l’absence de sécurité sociale, la non-existence du droit de s’organiser, l’intensification du travail et la diminution des temps libres.

« Le travail numérique doit nécessairement être un travail qui procure un statut légal d’employé, clair et garanti. » Il faut engager une discussion sur la façon dont les conditions de travail peuvent être modelées et les droits des travailleurs garantis dans un système capitaliste numérique.

 

 Le prodigieux bond en avant du numérique en Afrique

Le Dr Pedro Morazan, de l’institut Südwind, a parlé des transferts d’argent des travailleurs migrants vers l’Asie et l’Afrique. L’Afrique connaît actuellement un prodigieux bond en avant dans son évolution, passant de la société agraire à l’âge numérique. Le smartphone a relié en réseaux un continent où les routes, les gares et les aéroports font défaut. Des millions d’Africains se servent de leurs téléphones portables comme d’un compte en banque. Ils téléchargent de l’argent, effectuent des transferts, des retraits, et paient leurs factures grâce à un système bancaire complètement nouveau qui repose sur le téléphone et par lequel transitent des milliards de dollars.

Les organisations de la société civile devraient aussi se pencher sur cette question plus intensément que dans le passé et engager un dialogue avec les gouvernements, les organisations de la diaspora et les fournisseurs de services de transferts financiers afin que des initiatives soient mises en place pour réduire les coûts et moderniser les envois de fonds.

« Il est extrêmement important que les gouvernements, les chambres de commerce et la communauté numérique établissent des règles définissant comment les entreprises mondiales peuvent s’impliquer sur la scène technologique locale pour protéger le secteur des start-ups locales », a expliqué le Dr Morazan à propos de la rapidité du développement.

Le modèle de numérisation devrait servir au bien commun : telle a été la conclusion des participants lors des réflexions finales. Il ne doit pas viser unilatéralement à promouvoir un agenda de politique économique axé sur la croissance, mais doit tendre vers des objectifs en matière de politique sociale, de politique environnementale et de développement. Une numérisation durable est synonyme de travail digne et valorisant, de justice sociale et de mode de vie durable.

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