Le défi de la formation pour renforcer les capacités des jeunes à la JOC du Congo

« Nous sommes contents de tout ce que vous nous avez dit, cela nous a ouvert les yeux, c’est-à-dire que cela a éveillé nos consciences, car nous étions dans le sommeil de l’ignorance. Les thèmes abordés sont des informations/outils nécessaires qui vont nous permettre de nous en sortir dans la société. Nous pensons que la JOC est un mouvement idéal pour l’éveil des consciences et l’intégration sociale. » Makita Sanielle Chamelia

Contexte et réalité de la jeunesse au Congo Brazzaville : Le Congo est un pays d'Afrique centrale qui compte une population de plus de 5 millions d'habitants et des pourcentages élevés de pauvreté (environ 70% dans les zones urbaines et rurales combinées). Les principales sources d'emploi sont l'agriculture et la pêche, mais il ne s'agit pas des plus importantes activités économiques, l'exploitation minière et pétrolière étant les sources essentielles de revenus du pays.

Une grande partie de la jeunesse congolaise est engagée dans des activités économiques du secteur informel, telles que l'agriculture et le commerce, et bien que le secteur pétrolier soit l'activité économique la plus importante du pays, la majorité de la population jeune et des jeunes femmes n'ont pas accès à des emplois décents dans ce secteur. En outre, 53% des jeunes entrent dans les statistiques du chômage. Par ailleurs, la pauvreté et la vulnérabilité sociale des jeunes sont aggravées notamment par l'inégalité, l'instabilité de l'emploi et la discrimination fondée sur le sexe. Dans ce contexte, les jeunes travailleurs se mobilisent pour trouver des moyens de faire face à ces réalités afin de parvenir à une véritable transformation de leur quotidien et à une vie digne.

 

Comment la jeunesse travailleuse congolaise se mobilise-t-elle ?

Depuis quelques années, les jeunes engagés dans la JOC du Congo créent des espaces qui promeuvent le bon développement humain et la dignité des jeunes travailleurs à travers la discussion et l'analyse des différentes préoccupations soulevées par les jeunes eux-mêmes.

Une dizaine de jeunes leaders des groupes de base de la JOC de Brazzaville sont devenus de véritables protagonistes qui ont identifié leurs principaux problèmes tels que : l'instabilité de l'emploi, les niveaux élevés de chômage, le manque de formation technique, le rôle essentiel de la formation professionnelle dans l'accès à l’emploi et la compétitivité, la situation politique du pays comme l'une des causes de ces différentes situations, ainsi que le manque d'intérêt du gouvernement à aborder cette réalité.

Dans leur analyse, les jeunes Congolais ont également relevé que les formations, qu'elles soient techniques ou universitaires, sont rares. Par conséquent, les jeunes sont contraints d'accepter des conditions d'emploi précaires avec de bas salaires, en particulier dans les secteurs du commerce, des services et de l'agriculture, ou des emplois informels, mal rémunérés et assimilables à de l'exploitation. Ce contexte engendre un sentiment constant d'incertitude et de frustration et, à d'autres égards, une augmentation de la délinquance. Il a également des conséquences plus graves, notamment dans la vie des femmes qui doivent en outre lutter contre l'inégalité et la discrimination.

Cette réalité a été beaucoup plus visible pendant et après la pandémie, car la discrimination, le sectarisme et l'aggravation de l'informalité étaient clairement perceptibles et ont eu un impact majeur sur les projets personnels des jeunes.

Quelles ont donc été les étapes suivantes des jeunes de la JOC pour faire face à cette réalité ?

En juillet 2022, ils ont identifié leurs principaux besoins. Les responsables des groupes de base ont décidé d'élaborer un programme de formation pour les jeunes sur des thèmes tels que la confiance en soi, la prise de parole en public et le leadership ; la violence de genre sur le lieu de travail et l'égalité entre les hommes et les femmes ; la méthodologie de la JOC ; un atelier de formation à la citoyenneté ; l'élargissement des connaissances en matière de technologies de l'information et de bureautique ; l'économie solidaire en tant que forme d'organisation, d'employabilité et d'emploi décent. Un autre sujet important a été la discussion et le débat sur les politiques publiques et la participation au Conseil de la jeunesse (formation à l'emploi et à la citoyenneté).

Ces thèmes ont été identifiés comme importants pour des changements menant à la dignité et pour le renforcement du leadership des jeunes. Ils ont ainsi pu élaborer un programme de formation et mettre en place une équipe de formation, au sein de laquelle ils ont participé activement à l'appel à candidatures, ont contribué à la gestion des espaces de formation et au recrutement des formateurs et formatrices pour les différents thèmes, et ont assumé la responsabilité d'autres aspects techniques.

Le programme de formation était scindé en deux : la formation technique et la formation politique des jeunes, avec en complément la méthode de la JOC « Voir, Juger, Agir ».

Plus de 60 jeunes ont participé aux activités prévues, parmi lesquels des jeunes présentant un handicap visuel et de nombreuses jeunes femmes.

Quels ont été les résultats ?

Ce processus a non seulement contribué à projeter de nouvelles actions, mais aussi à renforcer le processus d'organisation des jeunes de la JOC, à les responsabiliser et à leur faire prendre conscience de leur propre réalité. Il a également permis d'accroître l'intérêt et la participation de nouveaux jeunes au sein du mouvement.

La formation à la méthode JOC a renforcé les capacités personnelles et collectives des jeunes pour leur permettre de mener une vie plus digne, de planifier de nouvelles actions et de continuer à s'organiser. Elle leur a également permis de mieux comprendre les moyens d'influencer les politiques publiques en faveur de la jeunesse par le biais de leur participation au Conseil de la jeunesse.

La formation technique (informatique, internet, recherche d'emploi, organisation de coopératives) a renforcé les chances d'insertion professionnelle.

Quels sont les défis auxquels la jeunesse jociste congolaise est confrontée ?

Il est important de mentionner que le mouvement apporte une formation continue, y compris à travers l'action et la pratique de la Révision de Vie et d'Action Ouvrière, de sorte que l'un des grands défis auxquels nous sommes confrontés est d'assurer le suivi et l'accompagnement des actions afin de garantir la continuité de chaque processus mis en œuvre, notamment: poursuivre la formation des jeunes leaders et avoir l'impact nécessaire sur la société congolaise ; concrétiser les actions à partir de la formation reçue, par exemple organiser des cours d'informatique, y compris pour les jeunes ayant un handicap visuel ; planifier les ressources pour développer leurs différentes activités et actions ; continuer à réfléchir à leur situation de vie et élargir leurs connaissances sur différents sujets.

La jeunesse congolaise joue un rôle de premier plan dans la société !

 

 

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La JOC PANAF est la coordination continentale chargée d'animer, de coordonner et d'accompagner les expériences d'action des mouvements nationaux de JOC sur le continent africain. La JOC PANAF est organisée en Egypte, au Ghana, au Gabon, en République Démocratique du Congo, au Congo Brazza et en Namibie.

Les principaux secteurs d'action abordés par les mouvements nationaux de la JOC en Afrique sont les suivants : Le travail décent et la protection sociale, le genre et la diversité, l'accès à une éducation de qualité, l'environnement et l'économie sociale et solidaire.

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