La mine de sel à Jean Rabel, une expérience d’action collective
Pour parler de la mine de sel à Jean Rabel, nous avons voulu avoir une connaissance plus approfondie de cette activité. Cela a exigé une prise de contact avec les personnes ayant de l’expérience en la matière. Au cours de notre visite dans la mine de sel à Jean Rabel, nous avons eu l’opportunité de rencontrer une équipe d’anciens avec lesquels l’action a débuté dans les années 1984-1985 et ils ont partagé avec nous leur expérience dans cette action collective.
M. Fleurime Palvery (dit ti Pal), acteur principal qui a fait la découverte, nous a raconté l’histoire. « Certains m’ont informé qu’en ce lieu, on avait vu des granules qui ressemblaient à du sel. Vu que je suis technicien dans la production de sel, je me suis rendu sur le terrain, puis j’ai commencé à creuser une fosse d’où l’eau est montée. Après quelques jours, je suis venu observer l’endroit et j’ai vu le sel. »
Par la suite, il s’est rendu auprès des autorités de l’État pour les informer de l’expérience vécue, car le terrain appartenait à l’État. Ces instances ont négligé ces informations. Comme Fleurime était membre de la JOC, il a partagé son expérience avec le groupe de base. Tous les membres du groupe de base se sont rendus à la saline pour vivre cet évènement surprenant. C’est ainsi qu’a commencé l’action des jeunes dans la mine de sel.
Une influence dans la vie économique des jeunes
Fleurime avait les connaissances techniques nécessaires pour exploiter la mine de sel et on l’a choisi comme chef de file dans l’action. La JOC s’est engagée comme propriétaire dans la production. La mine a joué un rôle très important dans la vie de la société de toutes les régions avoisinantes telles que Port-de Paix, Saint-Louis du Nord et Anse-à-Foleur, car ce produit sert à la consommation en cuisine principalement, mais compte tenu d’un manque fréquent d’électricité, le sel est un moyen de conserver certains produits alimentaires comme la viande et la glace.
De 1985 à 2006, seul un groupe de base menait une action dans la région de Jean Rabel. Consciente de son importance pour les services de base et son influence dans la vie économique des jeunes, la JOC d’Haïti a apporté sa contribution au renforcement de l’action. De 2006 à nos jours, 5 autres groupes de base de la région de Jean Rabel ont été impliqués directement : Central Jean Rabel, Catron, Fond Ramadou, Petite Place et Colette. Maintenant 60 jeunes participent directement et plus de 100 jeunes indirectement, mais le mouvement national travaille pour promouvoir l’action et permettre à beaucoup plus de jeunes d’y prendre part. Vu que l’expérience fonctionne comme une coopérative ou un collectif, une partie de la production de sel va au groupe de base et le reste va aux jeunes qui travaillent à la mine.
Une occasion pour les jeunes de coopérer ensemble
Durant la visite du 26 au 29 août 2013 à la région de Jean Rabel, nous nous sommes rendus spécialement à la mine de sel avec un groupe de 25 jeunes afin de faire un constat réel, une révision et une projection de cette action. Cette visite nous a permis de bien comprendre cette activité. Nous avons observé la réalité du lieu. Ensuite nous avons réalisé une rencontre avec les jeunes qui sont en majorité impliqués dans l’évaluation et la définition des changements collectifs et individuels. La mine de sel permet aux jeunes travailleurs de coopérer ensemble et elle permet à la population de bénéficier d’un service plus rapide et plus économique. Cette action donne une visibilité à la JOC et sensibilise les jeunes. Elle renforce l’autonomie individuelle et collective, garantit l’intégration sociale de cette catégorie de jeunes et les initie à la profession.
Les problèmes et défis principaux sont les infrastructures routières précaires, les moyens de transport insuffisants, le manque de formation technique pour les jeunes, la distance à parcourir de Jean Rabel à la mine de sel pour les piétons (environ 10 kms), ainsi que la dépendance vis-à-vis des conditions naturelles (la réaction de la chaleur du soleil sur l’eau).
Les jeunes ont des projets pouvant contribuer au renforcement de l`action, notamment l’achat de mulets pour le transport, la formation technique pour des groupes de base et la révision plus permanente de notre action et planification.
En tant que militants de la JOC, nous sommes animés par cette action car elle permet aux jeunes de vivre en communauté et de développer une pratique solidaire au sein d’une société capitaliste que nous avons décidé de changer.
JOC Jean Rabel et Coordination Nationale de la JOC Haïti