Déclaration de la JOCI à un séminaire coparrainé par le Saint-Siège et l’OIT
Des représentants des organisations d’inspiration catholique et des congrégations religieuses se sont réunis à Rome les 29 et 30 avril 2016 avec des responsables du Saint-Siège et de l’Organisation internationale du Travail dans le but de faire du « travail décent pour toutes et tous » l’un des objectifs explicites de développement durable post-2015.
À cette occasion, Luis Vargas, militant de la JOC du Venezuela, a fait une déclaration sur la réalité de la jeunesse travailleuse des Amériques. Les jeunes sont confrontés à des problèmes aussi divers que le travail précaire, le travail informel, le peu d’accès à l’éducation et à la formation, le chômage, la discrimination, les licenciements abusifs, le machisme et le harcèlement sexuel.
Travail précaire : mauvais traitements dans certaines entreprises, discrimination envers les femmes, mauvaises conditions d’hygiène et de sécurité, entre autres interdiction d’aller aux toilettes, licenciements injustifiés, non-respect de la législation du travail et harcèlement sexuel.
Travail informel : pas de sécurité sociale, non-reconnaissance des travailleurs de ce secteur, répression et persécution des travailleurs informels considérés comme des délinquants.
Education et formation : accès très limité, mauvaises conditions d’étude, peu de possibilités de poursuivre des études.
Chômage : difficulté d’obtenir un emploi au sein de sa communauté, obligation de migrer en ville ou dans un autre pays.
Problèmes spécifiques des jeunes : le machisme est fort et très souvent, les femmes ne peuvent pas étudier et n’ont pas l’autorisation de sortir de chez elles pour chercher un emploi. Les travailleuses domestiques sont victimes de harcèlement sexuel et les travailleuses qui sont enceintes font l’objet de discrimination et de licenciements abusifs.
En général, les jeunes ne connaissent pas leurs droits et les rares emplois existants les forcent à accepter des offres très précaires et sans horaire minimum. Les gouvernements ne protègent pas les jeunes et il n’y a pas de politique garantissant un travail digne.
Au niveau mondial, les multinationales dominent les économies nationales et définissent les règles du jeu. La lutte pour l’accumulation des richesses promeut une économie basée sur la spéculation financière, le consumérisme permanent et la flexibilité des travailleurs. Le grand patronat s’enrichit au détriment des jeunes travailleurs.
Les conséquences pour les jeunes sont lourdes : problèmes pour s’acheter de la nourriture et répondre aux besoins élémentaires, maladies professionnelles pour des millions de jeunes, fatigue extrême, absence de vie sociale et de temps libres, perte de motivation pour s’organiser et s’identifier au mouvement.
Face à cette réalité, les jeunes catholiques du monde entier ne restent pas silencieux. Nous pensons que notre évangélisation consiste à nous transformer nous-mêmes et à transformer la société. Cela fait partie de l’héritage du Christ, qui vit dans chaque jeune travailleur et travailleuse.
Nos principales actions et revendications sur le continent sont les suivantes :
Graffiti (magasin de vêtements – Venezuela) : lutte pour le respect de la stabilité de l’emploi, le paiement d’un salaire digne et le droit à se syndiquer.
Mines de sel (autogestion – Haïti) : lutte pour l’assistance financière du gouvernement pour la réparation de la route qui sert au transport de la production et recherche de marchés pour la commercialisation.
Travailleuses domestiques (Pérou) : Pour l’application de la convention 189 de l’OIT et pour un salaire juste.
Enseignantes (Guatemala) : lutte pour la stabilité de l’emploi et de meilleures conditions de travail.
Maquilas (Nicaragua) : lutte pour de meilleures conditions de travail et des salaires justes.
Centres de formation (Paraguay) : pour une éducation de meilleure qualité qui prépare à la vie et au travail.
Jeunes endettés (Québec) : contre les dettes impayables contractées par les jeunes auprès des entités financières pour pouvoir vivre.
Nous croyons et luttons pour
un travail juste et digne pour toutes et tous !