Par Jacques Hanon
« Dès le début, Cardijn situe ‘la question ouvrière’ dans son contexte international. Seul un mouvement mondial puissant permettra la libération collective de la classe ouvrière ».
On peut dire que la dimension internationale du projet de la JOC est présente dès son origine.
Cardijn, comme prêtre de la paroisse Notre-Dame de Laeken, crée le 1er groupe de jeunes ouvrières en 1912. Mais il faut noter que, dès après son ordination en 1906, il entame des études, non pas de Sciences religieuses ou de Théologie, mais de Sciences politiques et sociales à l’Université Catholique de Louvain. Il se passionne pour l’étude concrète de la réalité par le moyen du travail d’enquête et fait des voyages d’étude notamment en Grande Bretagne, 1ère puissance industrielle de l’époque, pour étudier les conditions de vie et de travail des ouvriers et comment ils s’organisent.
Mon départ à la retraite en juillet dernier a été l’occasion de faire la fête avec mes amis et compagnons de route. Un moment idéal aussi pour jeter un regard en arrière sur toutes les décennies durant lesquelles j'ai été – et je reste – lié à la JOC. Mon engagement m'a conduit professionnellement dans de nombreux autres contextes comme le travail de quartier, le travail avec les migrants et les réfugiés et, ces dernières années, le travail de formation du mouvement des travailleurs catholiques (KAB) dans ma région. C'est la méthode de la JOC, « VOIR-JUGER-AGIR », qui m'a toujours poussé à l'action. Avec le recul, je suis tout simplement reconnaissant à ce mouvement de jeunesse de m'avoir relié à d'innombrables personnes. Le lien, il y a un mot pour cela : « UBUNTU ». Il s'agit d'une philosophie sud-africaine qui signifie : « Je suis parce que NOUS sommes ».
La société capitaliste qui mise tout sur la surexploitation des ressources, la surproduction et la surconsommation entraîne inexorablement la planète et ses habitants vers un précipice.
Les conséquences de ce modèle destructeur d’organisation de la société sont visibles pour l'humanité et les territoires. Nombreux sont les exemples : multiplication des catastrophes naturelles, fonte des glaces, mers qui consument les côtes, épidémies qui se déclenchent... sans oublier les inondations qui se succèdent partout, en Belgique, au Pakistan, au Sri Lanka, au Brésil... Autant de cas de destruction massive...
Nous n'avons d'autre choix que de renforcer la solidarité... Les générations actuelles et anciennes de militants de la JOC sont engagées dans ces luttes, elles témoignent aussi de leur solidarité en cette période d'urgence !
Prière eucharistique
Cette prière eucharistique a été écrite par Albert Hari* dans les années 1970 et a été légèrement adaptée au contexte actuel.
Seigneur notre Père, tu aimes les humains, tes enfants.
Depuis plus d'un million d'années, ils vivent sur cette terre.
Pendant des centaines de milliers d'années, ils ont vécu dans une extrême pauvreté.
Peu à peu, ils ont appris à polir la pierre, à fabriquer des outils, à faire du feu, à cultiver la terre, à domestiquer les animaux, à parler, à écrire, à construire des huttes, des maisons, des villes.
Ils se sont organisés en tribus, peuples, nations.
Ils se sont aimés, ils se sont serré les coudes. Ils ont lutté contre le froid, les animaux, la nature hostile.
Ils ont lutté pour leurs intérêts particuliers. Ils se sont battus entre eux, tribu contre tribu, peuple contre peuple.
Ils se sont exploités entre eux. Les riches ont écrasé les pauvres. L'esclavage est apparu.
Ils se sont créé des dieux. Ils ont projeté sur eux leurs espoirs. Ils ont attendu d’eux la fertilité du sol, la fécondité du foyer, la victoire sur l'ennemi...
À travers ces tâtonnements, ces avancées, ces faiblesses, tu ne t’es jamais détourné des hommes.
Le week-end du 16 au 18 février nous a amenés en Belgique à l’occasion du Comité de gestion de l'Association Internationale Cardijn (AIC). Cette équipe réunit des personnes issues de différentes générations de responsables de la JOCI et le Secrétariat international actuel. Basma, Leizyl, Cecilia, Arlindo, Michele, Mardi, Bernhard et Marinete étaient présents à la rencontre.
Les objectifs de la réunion étaient, entre autres, d'avoir une vue d'ensemble de la situation actuelle du mouvement dans les différents pays, d'évaluer l'activité générale de l'AIC et de planifier les années à venir, en mettant l'accent sur la célébration du CENTENAIRE de la JOC.
Il y a quelques jours, notre ami Jo Weber a célébré ses 90 ans accomplis et nous souhaitons lui rendre hommage !
Josef Weber est né le 28 février 1934 en Alsace. Il a grandi à Lingolsheim, une petite ville près de Strasbourg.
Jo a fortement marqué la JOC internationale, en tant que militant au niveau local, coordinateur à plein temps de la JOC française, puis secrétaire européen et trésorier international. Il était un proche collaborateur de Josef Cardijn et, après la mort de ce dernier, il a initié la Fondation Internationale Cardijn (FIC), l'organisation devenue l'actuelle Association Internationale Cardijn (AIC).
Jo Weber a été le principal organisateur du rallye européen de Strasbourg en été 1964 qui a rassemblé 25 000 jeunes travailleurs et travailleuses de tout le continent et fut une manifestation de la jeunesse ouvrière organisée en Europe qui eut un très grand retentissement. Le congrès de 300 délégués a présenté au Conseil de l'Europe le « Manifeste de la jeunesse ouvrière » et a attiré l'attention du public sur la situation de la jeunesse travailleuse en Europe.
Bartolo Perez est né à São Paulo (Brésil) le 20 novembre 1925.
Il fut enseignant et formateur à l’université de Porto Alegre. D'origine espagnole, ses parents, Francisco et Josefa, sont arrivés au Brésil pendant la période d'immigration du début du 20e siècle.
À l'âge de 14 ans, il commence à travailler comme apprenti tourneur dans une petite usine de pièces automobiles. C'est dans cette usine, en 1942, que Bartolo Perez, âgé de 16 ans, rencontre le jeune Emídio, un militant de la JOC qui l'aide à regarder la réalité : « J'étais très curieux de savoir ce qu'était la dignité, ce qu'elle signifiait », a confié Bartolo il y a quelques années dans une interview.
Ainsi, le jeune travailleur prend conscience et développe avec ses camarades des actions militantes, dont l'une des premières est de se rendre au syndicat pour dénoncer la situation de travail des jeunes dans l'usine.
Et c'est ainsi que Bartolo rejoint le groupe JOC du quartier de Mooca dans la région de Sao Paulo.