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Le séminaire organisé en Belgique par la JOCI en septembre dernier a été l’occasion d’interviewer des jeunes travailleurs de chaque continent. Antoine de Belgique, Doriabelle du Gabon, Meiver du Venezuela et Nanang d’Indonésie ont partagé leurs points de vue sur le monde du travail et l’action du mouvement.
Nanang, JOC d’Indonésie
Quels sont les principaux défis pour le mouvement dans ton continent en ce qui concerne le capitalisme ?
Dans notre continent, organiser les travailleurs dans les usines constitue un véritable défi ; leurs horaires de travail sont très longs et ils n’ont donc pas le temps de participer à nos réunions. Il y a aussi un manque de conscientisation : les travailleurs ne connaissent pas leurs droits. D’autres défis se posent, notamment l’individualisme et le consumérisme. Dans les usines, les employeurs (capitalistes) créent de la concurrence entre les travailleurs.
De plus, le gouvernement n’a pas adapté une bonne réglementation du travail ; par exemple il autorise les contrats de courte durée. Par voie de conséquence, les jeunes travailleurs n’ont pas de sécurité dans la vie, pas de revenus assurés et pas de protection sociale. Le gouvernement utilise la répression contre les travailleurs lorsqu’ils veulent former un syndicat. Quand une action est lancée contre les employeurs, la police arrive pour contrôler les travailleurs.
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« La vie, c’est comme une bicyclette,
il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre »
Par Kévin Côté
J’ai 27 ans et je fréquente la JOC de Québec depuis l’été 2012. Je travaille comme technicien en informatique au gouvernement du Québec. Les raisons qui m’ont poussé à travailler dans le secteur public sont ma fierté du Québec et le goût de contribuer au bien commun. J’ai commencé en 2009 à Montréal et j’ai ensuite eu la chance de devenir employé permanent à Québec. J’ai rencontré Christina qui m’a parlé de la JOC et j’ai participé à ma première activité durant l’été 2012 : le rallye camping. J’ai vraiment apprécié mon expérience. La nature nous permet de relaxer et crée une belle ambiance de gang [Ndlr : désigne un groupe d’amis au Québec].
J’ai vraiment aimé les échanges que j’ai eus, car je partage beaucoup de points communs avec les gens du mouvement. Je me remets souvent en question par rapport à mon métier et les moments de discussions comme celles au rallye ouvrent la voie à des réflexions. Par exemple, j’ai été très intéressé par le parcours de David qui, comme moi, a déjà travaillé en informatique, mais qui se cherchait encore dans le monde du travail. Cette activité fut donc pour moi très inspirante et me donna envie de continuer à fréquenter la JOC. Depuis, j’ai eu la chance de participer à beaucoup d’événements jocistes et à m’impliquer à ma manière. Le mouvement a influencé ma vie de tous les jours et plus principalement au travail. J’ai osé plus que jamais, j’ai suivi mes instincts et mon envie d’aller vers une implication sociale plus importante.
« Nous sommes tous des travailleurs, nous avons tous le droit de nous organiser »
Quel rôle as-tu au sein de ton mouvement national ?
Je suis militante au sein de la coordination de la JOC du Guatemala. Nous sommes une petite équipe de militants qui coordonnent les activités des groupes.
Quelles sont les activités principales de la JOC du Guatemala aujourd’hui ?
Nos priorités sont les actions personnelles réalisées sur nos lieux de travail. Par ailleurs, nous travaillons à l’extension du mouvement. Nous sommes en plein processus d’investigation et d’initiation dans deux villes supplémentaires et nous assurons l’accompagnement de nouveaux groupes de base qui ont été créés dans la zone métropolitaine de la ville de Guatemala (la capitale).
Quelle est ton expérience personnelle d’action ?
J’ai presque toujours travaillé pour le gouvernement. Là il y a un problème de flexibilisation du travail. Ils ont des contrats d’embauche qui leur permettent de réduire les droits des travailleurs. Dans mon dernier emploi au sein d’une institution de droits humains, la majorité des travailleurs n’avaient pas accès aux droits du travail établis. S’agissant d’une institution de droits humains, il y avait là une énorme contradiction.
L’année des élections se profilait et au Guatemala, normalement, un changement de gouvernement entraîne le changement de tout le personnel des institutions publiques. La menace d’un licenciement pesait donc sur nous et nous savions qu’il était possible qu’un gouvernement militaire arrive de nouveau au pouvoir. Finalement, nous avons décidé de créer un syndicat qui avait 3 objectifs.
« Je n’ai pas de contrat direct et pas de stabilité dans ma vie ! »
Après mes études secondaires, j’ai obtenu une licence en administration des entreprises. J’ai cherché un emploi pendant six mois et toutes mes lettres de candidature étaient rejetées pour le même motif : « Vous n’avez pas d’expérience de travail » ou « Nous recherchons des personnes avec plus d’expérience »… Même lorsque les offres d’emploi annonçaient des postes pour de nouvelles recrues, on me disait : « Nous avons trouvé quelqu’un ayant plus d’expérience ».
En résumé, j’ai finalement obtenu un emploi à travers une agence d’intérim. Je travaille dans le département achats d’une grande entreprise qui se situe près de chez moi. Mais ce boulot ne demande pas de compétences universitaires. Mon salaire correspond plus ou moins à celui des personnes qui ont été engagées directement par l’entreprise pour le même poste, mais ces personnes travaillent avec un « acheteur » alors que je travaille seule.
Je me sens bien accueillie – la plupart de mes collègues ne savent même pas que je suis payée par une agence d’intérim. Je bénéficie des mêmes réductions que les employés engagés directement par la firme – par exemple, une réduction à la cantine. J’aime vraiment bien mon travail et mes collègues.
Mais je remarque malgré tout que je suis une employée intérimaire – surtout en ce qui concerne mes vacances et mon salaire. Les « employés directs » ont 30 jours de congé par an et ils ne travaillent pas la veille de Noël et la veille du Nouvel-An. Moi, par contre, j’ai 24 jours de congé par an (le minimum légal) et je suis obligée de prendre un jour de congé à ces deux dates (parce que l’entreprise ferme ces jours-là). Par ailleurs, J’ai plus difficile de prendre congé que les employés directs parce que je dois d’abord demander la permission à mon patron, puis je dois aller à l’agence pour qu’ils signent ma demande de congé.
La jeune travailleuse quitte sa maison tous les jours à quatre heures du matin. Pour arriver au travail, elle doit traverser toute la ville. Elle voyage environ deux heures en bus, puis elle doit marcher à peu près une demi-heure pour rejoindre la communauté où elle enseigne à des enfants de familles défavorisées. Le quartier où elle travaille est pauvre, marginalisé et le taux de violence y est élevé.
Sur le tronçon qu’elle doit parcourir à pied, des femmes ont été violées, et les bus qu’elle utilise pour arriver et quitter cet endroit sont ceux qui, selon les statistiques nationales, enregistrent le plus d’attaques armées, d’agressions et d’accidents provoqués par la négligence des chauffeurs.
Pour rentrer chez elle, elle doit refaire le même trajet en sens inverse, mais cette fois, dans des conditions pires encore : dans des bus qui sont bondés, qui avancent lentement dans les longues files de voitures qui traversent la ville.
Peut-être connaissez-vous l’histoire d’un roi d’autrefois qui voulait savoir comment son peuple réagirait s’il était confronté à un défi ou un obstacle. Le roi décida alors de placer un énorme bloc de pierre au milieu d’une route. Puis, il se cacha et regarda pour voir si quelqu’un allait déplacer cette pierre. Quelques-uns des marchands et de ses courtisans les plus riches passèrent et contournèrent simplement le bloc de pierre. Beaucoup parlaient haut et fort, reprochant au roi de ne pas entretenir les routes, mais aucun n’eut l’idée de pousser la pierre hors du chemin. Arriva alors un paysan transportant un gros sac de légumes. S’approchant de l’énorme pierre, il déposa son fardeau et essaya de pousser la pierre sur le bord du chemin. Après bien des efforts, il y parvint enfin. Alors qu’il reprenait son sac, il remarqua une bourse par terre, à l’endroit où se trouvait auparavant le bloc de pierre. La bourse était remplie de pièces d’or et contenait un petit mot du roi annonçant que l’or était destiné à la personne qui avait déplacé le bloc de pierre. Dans cette histoire, le paysan s’est retrouvé devant l’obstacle, le défi (le bloc de pierre), il ne s’est pas contenté de le contourner, n’a rien reproché au roi, ne s’est pas débiné mais au contraire, après bien des efforts, il est parvenu à pousser le bloc de pierre sur le bord de la route et a finalement trouvé les pièces d’or. Cette histoire est un exemple classique, elle illustre la façon dont un défi peut se transformer en une opportunité d’améliorer nos conditions de vie et de travail. Des défis transformés en opportunités par les jeunes travailleurs Très souvent, les gens de nos communautés parlent de nous en bien. Ils disent que la jeunesse est une période de la vie où l’on n’a pas peur, une période où les jeunes travailleurs sont prêts à relever des défis. C’est vrai dans un sens. L’histoire l’a prouvé. Qu’il s’agisse de la révolution française, de la révolution russe, de la révolution culturelle en Chine, de la révolution cubaine, des révolutions latino-américaines, de la révolution iranienne, de l’effondrement du Mur de Berlin et des changements dans les pays d’Europe de l’Est, ou encore des soulèvements dans les rues du monde arabe aujourd’hui. Oui, tous ces changements importants survenus au cours de l’histoire se sont produits grâce notamment aux actions des jeunes et des jeunes travailleurs. Lors de ces bouleversements de l’histoire, les jeunes ont été amenés à relever des défis, à surmonter des obstacles tels que l’oppression d’un régime, la répression militaire, la faim, le chômage, d’incessants combats… Pourtant, ce sont précisément la nature même et le pouvoir des jeunes à relever des défis qui leur ont donné l’occasion d’obtenir la liberté, la libération, la démocratie, et de meilleures conditions de vie et de travail. Lors de tous ces événements majeurs qui ont provoqué un changement, les jeunes se sont comportés (ils ont agi) comme le paysan de l’histoire. Ils n’ont pas perdu leur temps à simplement parler des obstacles et des défis. Ils ne se sont pas détournés de ces obstacles. Ils n’ont pas blâmé le système, le dirigeant, le roi… Mais ils ont pris conscience qu’il fallait faire face aux obstacles et ils ont agi. L’attitude de certains d’entre nous face aux obstacles aujourd’hui
En tant que travailleurs et en tant que jeunes d’aujourd’hui, nos attitudes et nos réponses peuvent varier lorsque nous sommes confrontés à des obstacles et des défis dans notre vie et sur notre lieu de travail. Nous sommes nombreux à avoir peur de relever les défis et de faire face aux obstacles. À nous contenter d’en parler et d’en discuter. À ne cesser de critiquer les structures, les politiques, les dirigeants. À vouloir nous détourner des obstacles et des défis. Très souvent, nous ne nous rendons pas compte que chaque défi, chaque obstacle qui se présente dans notre vie ou sur notre lieu de travail est pour nous l’occasion d’améliorer nos conditions de vie et de travail. Lorsque nous analysons notre attitude, nous prenons conscience du fait que le plus grand problème à surmonter est notre peur. C’est l’élément le plus destructeur de notre vie. Comment surmonter cette peur ? Ce n’est possible que si nous regardons l’obstacle en face. Nous pourrions illustrer cela par un exemple. Prenons une personne qui voudrait apprendre à nager. Elle peut connaître tous les aspects théoriques de la natation. Mais le plus grand défi est de sauter dans la piscine et d’apprendre à nager dans la pratique. Le premier obstacle à surmonter est la peur. La peur emplit notre esprit de toute une série de questions négatives. Si je saute, est-ce que je serai en danger ? Est-ce que je ne vais pas me noyer ? Si la personne n’arrête pas de ressasser ces questions, elle ne sautera jamais dans la piscine et n’apprendra jamais à nager. La peur nous empêche de relever les défis et de voir les opportunités qu’ils représentent pour nous. Ce n’est qu’à travers l’action qu’un défi peut être relevé, qu’un obstacle peut être surmonté et se transformer en opportunité. Références positives La lecture de la bible nous aide à découvrir un tas de références positives où des défis sont transformés en opportunités. Très souvent, nous disons, « c’est impossible ». La bible dit, « ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu » (Luc 18:27). Nous disons, « je ne peux plus continuer ». La bible dit, « ma grâce te suffit » (2 Corinthiens 12:9 et Psaume 91:15). Nous disons, « je ne peux pas faire ça ». La bible dit, « Je puis tout » (Philippiens 4:13). Nous disons, « je ne suis pas assez intelligent », la bible dit, « vous êtes en Jésus Christ qui a été fait pour nous sagesse » (1 Corinthiens 1:30). Lorsque nous sommes confrontés à des obstacles et des défis, lorsque nous sommes envahis par la peur et l’inquiétude, lorsque nous commençons à perdre espoir, alors pensons à ce qu’a fait le paysan dans notre histoire. Il n’a jamais abandonné et est parvenu à déplacer l’énorme bloc de pierre. Il était convaincu qu’il pouvait le faire. Lorsque nous serons face à des conditions défavorables, pensons aux références de la bible mentionnées ci-dessus. Nous retrouverons l’espoir et la motivation nécessaires pour agir. « Je crois que les héros sont ceux qui font ce qui doit être fait, quand cela doit être fait, quelles qu’en soient les conséquences. » - Auteur inconnu |
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