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Rencontre continentale d’action à Hong Kong
Hong Kong, JOC d’ASPAC – « Nous sommes jeunes, nous sommes des travailleurs, luttant pour notre dignité ! ». Tel était le slogan choisi par la Jeunesse Ouvrière Chrétienne Internationale d’Asie Pacifique (JOC d’ASPAC) pour sa rencontre continentale d’action (RCA) organisée au Centre Caritas à Hong Kong du 19 au 23 octobre 2015. Ont participé à la rencontre la JOC d’Australie, la JOC du Japon, la JOC d’Indonésie, la JOC d’Inde, la JOC des Philippines et la JOC de Chine.
La rencontre s’est concentrée sur les problèmes actuels vécus par les jeunes travailleurs d’Asie-Pacifique tels que le manque de protection sociale, les bas salaires, la migration et l’expansion de l’économie informelle.
« La protection sociale actuelle est un commerce où sont réclamés des cotisations de membre. Nous ne voulons pas de cela. Nous voulons que le gouvernement couvre totalement les coûts de la protection sociale. Celle-ci devrait être gratuite, sans aucune discrimination, et elle devrait couvrir la vie de chaque être humain dans son ensemble », a déclaré Nanang Ibrahim, président de la JOC d’Indonésie.
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Je m’appelle George Verzosa, je suis originaire de Calbayog City (au sud des Philippines). Je n’ai jamais terminé mes études car mes parents ne disposaient pas des moyens nécessaires pour nous envoyer, moi et mes frères et sœurs, à l’école. J’ai migré à Manille pour chercher un emploi et j’ai travaillé sous contrat d’agence dans une fabrique de sacs comme opérateur de machine. Je touchais le salaire minimum mais certains de mes camarades de travail avaient moins que le salaire minimum. Lorsque je faisais des heures supplémentaires et gagnais plus d’argent, je l’envoyais à ma famille dans ma province. Ils nous obligeaient à travailler à un rythme soutenu car nous devions atteindre un « quota » et ils visaient un surplus de production. Lorsque nous n’atteignions pas le quota journalier requis, ils nous déduisaient une somme de notre salaire. Mais lorsque nous dépassions le quota de production, nous ne recevions aucune prime. En 2014, mon emploi devenait de plus en plus précaire. Je ne travaillais que trois ou quatre jours par semaine. La politique était « pas de travail, pas de salaire » ; par conséquent, les jours où je n’avais pas de travail, je n’avais pas de revenus. Cela devenait extrêmement difficile pour moi d’aider ma famille et même de subvenir à mes propres besoins car je louais aussi un appartement. La JOC d’ASPAC mentionne d’effroyables statistiques émanant d’institutions internationales. Par exemple, selon la Banque mondiale, environ 50% de la population mondiale vit avec moins de 2,5 dollars par jour, alors que rien qu’en Asie, même dans les pays les moins industrialisés, il faut au moins 15 à 20$ par jour pour couvrir ses besoins élémentaires. À travers le monde, 22.000 enfants meurent chaque jour à cause de la pauvreté. L’OIT a signalé qu’environ 5,1 milliards de personnes (75% de la population mondiale) ne sont pas couvertes par une sécurité sociale suffisante, tandis qu’ONU-Habitat a relevé que 2,6 milliards de personnes n’ont pas accès à un système sanitaire convenable et 884 millions n’ont pas accès à des sources suffisantes d’eau potable. La réalité des jeunes travailleurs en Asie La déclaration reprend quelques témoignages de jeunes travailleurs de pays asiatiques. « Je travaille dans le secteur de la construction, je suis travailleur journalier. J’ai 20 ans mais c’est moi qui dois m’occuper de ma famille. J’ai 3 frères et sœurs plus jeunes pour qui je dois payer l’école et je dois couvrir les dépenses alimentaires de la famille. Je gagne 250 pesos par jour (5$). Avec ce salaire, nous ne pouvons pas avoir un bon repas trois fois par jour. Il y a des jours où nous mangeons du riz avec du sirop magique (de la levure chimique), en ajoutant de l’eau dedans. » - Jomarie Navarro, Philippines « Je travaille comme couturière dans une usine textile de la zone franche de Biyagama, une ville du Sri Lanka. J’ai 23 ans et je gagne environ 18.000 roupies par mois (145-150$US), heures supplémentaires comprises. Je travaille de 26 à 28 jours par mois. Mes horaires sont longs et je ne prends pas de vacances car le salaire est très bas par rapport aux dépenses quotidiennes. Comment est-ce que je pourrais épargner un peu d’argent pour l’avenir ? » - Dinusha, Sri Lanka
La JOCI exige l’élimination du travail forcé et la transition de l’économie informelle à l’économie formelleLa JOCI participe à la 103e Conférence internationale du Travail, une réunion tripartite de gouvernements, de syndicats et d’employeurs, qui se tient en Suisse (Genève) du 28 mai au 12 juin. La JOCI et WSM participent toujours activement et efficacement à la CIT, avec des interventions pertinentes et des suggestions utiles aux commissions. La JOCI mène une action représentative au sein de l’OIT avec la présence de militants d’Asie, d’Afrique, d’Europe et des Amériques. Il faut souligner que dans le cadre des thématiques de l’OIT, l’objectif de la JOCI pour cette 103e conférence est de donner une visibilité aux actions concrètes de la JOCI et de contribuer à la construction de politiques internationales en faveur de la classe ouvrière partout dans le monde. Cette année, la participation du mouvement se concentre sur deux commissions : Travail forcé et Transition de l’économie informelle à l’économie formelle.
Quatorze jeunes travailleurs et responsables de la JOC d’Égypte se sont réunis à Alexandrie du 31 août au 2 septembre 2017 pour vivre ensemble et discuter de leur avenir. 10 jeunes hommes venaient du groupe de base d’El Khranfish et travaillaient dans différents secteurs tels que les conducteurs de tuk-tuk, les fabricants d'objets en or, les vendeurs et les ouvriers d’usine ; trois jeunes femmes faisaient partie du groupe de base d’El Sagood et travaillaient dans le secteur des services comme enseignantes et infirmière dans une institution privée ; et une dernière personne était étudiante et membre du groupe de base d’El Osairin. Ils ont bénéficié du soutien d’anciens jocistes et de collaborateurs de la JOC. En utilisant la méthodologie de la JOC, les jeunes travailleurs et travailleuses ont pu analyser leur réalité passée et actuelle et découvrir leur avenir. Dans la partie du « voir », leur tâche a été de dessiner ce à quoi pourrait ressembler leur avenir. La plupart ont trouvé cela difficile car ils ne pouvaient pas se payer le luxe de tirer parti de leur passé et certains n’avaient pas de perspectives d’avenir. En Égypte, de nombreux jeunes travailleurs et travailleuses se heurtent à de gros problèmes dans leur vie quotidienne et au travail. Ils sont confrontés à la précarité et à l’insécurité, à de bas salaires, à de longs horaires de travail et à l’informalisation. Certains n’ont même pas terminé l’école et ont commencé à travailler à un très jeune âge, migrant au Caire, la capitale du pays, en raison de l’absence de possibilités d’emploi à la campagne. Les femmes sont vulnérables et font souvent l’objet d’agressions, de harcèlement sexuel et de discrimination.
« Le travail décent est crucial pour venir à bout des inégalités et de l’injustice sociale » Robert Vins Challappan (équipe d’ASPAC), Arlindo de Oliveira et Ludovicus Mardiyono (Secrétariat international) ont représenté la JOCI lors de cette rencontre. Le séminaire s’est conclu par une déclaration soulignant l’importance d’un « travail décent pour toutes et tous », cible qui s’inscrit explicitement dans les objectifs de développement durable pour l’après-2015. Le groupe catholique a insisté sur le besoin de garantir à tous l’accès à un travail décent en élaborant et en mettant en œuvre le nouvel ensemble d’objectifs de développement, notamment les conditions propices et les politiques économiques. Le groupe a réitéré son engagement à promouvoir le travail décent, comme exprimé dans sa déclaration relative à l’agenda post-2015 sur le développement qui avait été signée par les membres du groupe le 13 juin 2013.
Meiry a expliqué que son école connaît des problèmes assez graves sur le plan salarial. Outre le fait qu’ils sont très bas, les salaires sont toujours versés en retard. Dans bien des cas, elle et tous les autres enseignants perçoivent leurs rémunérations avec un retard de trois mois ou plus. En ce qui concerne les infrastructures, son école est loin d’être une école décente car elle ne dispose pas des équipements nécessaires dans les classes, par exemple un tableau, des chaises, des bancs et des manuels scolaires. Le transport est un autre problème ; elle doit parcourir un long trajet en bus d’environ deux heures, et l’école ne verse aucune indemnité de déplacement. « Tous les matins, je dois emmener ma petite fille à la crèche et courir pour prendre le bus qui me conduira à l’école. Je dois payer 4 quetzals pour chaque trajet », a confié Meiry. Elle a fait connaissance avec la JOC lors d’une rencontre d’initiation en 2008. Après cela, elle a participé à plusieurs réunions organisées par la JOC. À l’époque, avec d’autres jocistes qui étaient au chômage, elle vendait de la nourriture dans la rue comme travailleuse informelle et ils utilisaient l’argent gagné pour se rassembler et pour aller se présenter à des emplois. En fin de compte, Meiry a obtenu un emploi dans le secteur éducatif et elle a lancé un processus JOC parmi les enseignants. Elle organise une réunion par semaine, au cours de laquelle ils font une révision de vie pour comprendre la réalité concrète et planifier des actions. « Aujourd’hui, je suis une militante de la JOC grâce au processus mené avec et parmi les enseignants et j’assume d’autres responsabilités en accompagnant le processus suivi par le groupe de base de Pocitos. Depuis que j’ai adhéré à la JOC, j’ai pu briser mes chaînes et acquérir davantage de dignité en tant que femme. Maintenant je regarde la vie avec les yeux d’une protagoniste capable de générer des changements dans la société », a noté Meiry. Meiry a souligné que tous les enseignants devraient lutter pour leur droit à un travail juste. Cette lutte ne vise pas seulement une augmentation salariale mais aussi un changement dans les infrastructures des écoles du pays et dans la société. Le travail qu’ils réalisent finira par sensibiliser le secteur éducatif et aura un impact sur l’ensemble de leur communauté.
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