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Les mouvements nationaux de la JOC Europe se réunissent du 11 au 13 février à Bruxelles pour planifier un travail collectif au niveau européen. Des responsables de la JOC flamande, de la JOC wallonne et de la JOC allemande participent à la réunion.
Le but de la rencontre, coordonnée par Sarah Prenger, membre de l’Equipe européenne, est d’élaborer un plan concret en vue de la tenue d’un séminaire et d’un échange sur le travail précaire au niveau européen.
Le travail précaire est un problème épineux en Europe, surtout pour les jeunes. Ils sont forcés d’accepter de travailler dans de piètres conditions à cause de l’absence de possibilités d’emplois.
En Wallonie, les jeunes chômeurs subissent des pressions du gouvernement pour qu’ils trouvent un emploi ; autrement, ils perdront leurs allocations de chômage. Par ailleurs, ils sont accusés par la société d’être des paresseux. L’impact de ces conditions est que les jeunes chômeurs entrent en concurrence pour obtenir les quelques emplois disponibles sur le marché et beaucoup de jeunes sont engagés pour effectuer des travaux dangereux, parfois même dans des conditions proches de l’esclavage.
L’équipe internationale de la JOCI a eu le plaisir d’accueillir Sabah Eskandar, une ancienne jociste égyptienne, qui a rendu visite au secrétariat international à Bruxelles ce samedi 9 février.
Lors de sa visite, Sabah était accompagnée par Milad Mikhael, un ancien membre de l’équipe internationale pour le continent africain (1998-2002), et par George, un militant égyptien.
La rencontre, qui a duré deux heures, a été l’occasion de discuter de la situation que connaissent aujourd’hui l’Egypte et la JOC en cette période d’après- révolution. Sabah a expliqué que dans tous les domaines de la vie, les conditions en Egypte n’étaient pas très stables. Le changement de gouvernement n’a pas donné lieu à une amélioration majeure de la situation sur le plan social et politique. Les prix des produits sont plus élevés et la population souffre de plus en plus.
L’influence des Frères musulmans sur le leadership du Président Morsi est très forte. Le gouvernement égyptien a donc tendance à vouloir imposer les principes de la loi islamique, la charia.
Action sur le travail intérimaire en Flandre, Belgique
« Terminus intérim. Stop aux abus contre les travailleurs intérimaires ». Tel était le thème de l'activité publique organisée par la KAJ (JOC flamande) à Ostende en présence des responsables des différentes régions. Le but de l'événement était de dénoncer la réalité et la violence subies par les jeunes qui sont à la recherche d'emploi dans les agences d'intérim et voient leurs rêves et leurs attentes s'envoler.
La plupart de ces jeunes viennent de terminer leurs études secondaires ou universitaires, ont abandonné l'école ou ont peu de qualifications, et ils se tournent vers les agences d'intérim pour qu'elles les aident à trouver un emploi. Dans de nombreux cas, les jeunes rencontrent des difficultés lorsqu'ils s'adressent à ces agences et la KAJ veut attirer l'attention de la société, des autorités politiques, des syndicats et des agences elles-mêmes. La JOC flamande a contacté la presse locale et nationale pour expliquer ses objectifs et présenter la réalité des jeunes travailleurs. Elle a mené une enquête auprès des jeunes sur leur réalité, et elle a commencé à organiser des actions, entre autres l'événement du 2 juin.
Le Secrétariat international de la JOCI a participé à l'action d'Ostende. Arlindo de Oliveira, le trésorier international, était présent et a recueilli quelques témoignages de jeunes qui lui ont décrit leurs principaux problèmes.
Des jeunes travailleurs sous pression
Riensje, une coordinatrice régionale de la KAJ, et d'autres militants responsables de l'activité d'Ostende ont expliqué: « Les jeunes qui quittent l'école ont du mal à trouver un emploi. Ils sont soumis à des pressions. Tout d'abord de la part des agences lorsqu'elles leur disent qu'ils n'ont pas les qualifications nécessaires pour travailler pour elles. Alors les jeunes rentrent chez eux mais quand ils arrivent à la maison, leur famille ne les croit pas, elle dit qu'ils ne cherchent pas de travail, ou comme les agences, elle doute de leurs capacités. Cela ne les aide sûrement pas, cela ne les encourage pas ».
Riensje a ajouté: « Aujourd'hui c'est très difficile de trouver un boulot, et quand tu travailles pour une agence d'intérim, c'est dur aussi, à cause du manque de stabilité, du contrat de courte durée et du salaire peu élevé ».
Xander et Jurgen, deux jeunes travailleurs membres de la KAJ, ont expliqué comment les agences les traitent. « Après s'être inscrit à l'agence, tu dois attendre qu'ils y aient des emplois vacants. Parfois, ils t'appellent et quand tu arrives, le poste n'est plus vacant. Dans d'autres cas, ils t'appellent et te demandent si tu es intéressé par un travail mais tu dois commencer le jour suivant, sans avoir le temps de te préparer. Malheureusement tu es obligé de dire 'oui'. » Les jeunes ont le sentiment d'être totalement dépendants des agences. Ils ont du mal à faire des projets dans leur vie et à s'organiser. Ils doivent être tout le temps disponible, même pour un contrat de quelques heures.
La KAJ avait préparé une présentation dynamique sur les principaux problèmes auxquels sont confrontés les jeunes qui se tournent vers les agences. Des jeunes jocistes ont interprété une petite pièce de théâtre. Après la présentation, un jeune du public est monté sur scène, a pris le micro et a donné son témoignage: « Je suis allé dans une agence pour chercher du travail. J'étais prêt à travailler, mais après avoir signé le contrat, l'agence l'a annulé. Elle m'a dit que je pouvais travailler pour une autre entreprise, mais c'était dans une autre ville, à soixante kilomètres de là. J'ai dit que je n'avais qu'un vélo et que je ne pouvais donc pas travailler dans une autre ville. Ils ne m'ont pas donné d'autre alternative et jusqu'à présent, je suis toujours sans emploi. »
Une situation précaire confirmée par les institutions internationales
L'action sur le travail intérimaire a eu lieu en même temps que la Conférence de l'OIT à laquelle participe la JOCI à Genève. En 2012, l'un des thèmes majeurs de la conférence est précisément l'emploi des jeunes. Selon l'OIT, « le taux mondial du chômage des jeunes pour 2012 reste bloqué à son plus haut niveau de la crise et ne devrait pas redescendre avant 2016 au moins ». L'OIT constate également que « le recours aux contrats temporaires pour les jeunes travailleurs a pratiquement doublé depuis que la crise économique a éclaté ».
Les études de l'Organisation de Coopération et Développement Économiques (OCDE) confirment les témoignages et la situation expliquée par ces jeunes travailleurs. Elles montrent que les problèmes auxquels ils sont confrontés existent depuis longtemps. « En 2002, la moitié des jeunes belges ont quitté l’école avant 21 ans et demi. La durée de la transition de l’école à l’emploi est d’un peu plus d’un an mais il faut près de trois ans pour accéder à un emploi stable. Si une grande majorité des jeunes âgés de 15 à 24 ans ont un emploi un an après la fin de leurs études, il s’agit pour environ 40 % d’entre eux d’un emploi temporaire et pour un peu plus de 20 % d’entre eux d’un emploi à temps partiel. Ces proportions sont importantes mais restent dans la norme des jeunes Européens. Après la fin des études, les perspectives divergent très vite selon le sexe. Les jeunes femmes, même les plus diplômées d’entre elles, occupent beaucoup plus fréquemment un emploi atypique ou à bas salaire que les jeunes hommes et l’écart augmente avec l’âge. »
D'autres enquêtes récentes nous fournissent des informations sur la situation après la crise internationale. Dans le cas spécifique de la Belgique, un article intéressant rédigé par Robert Plasman explique: « La crise économique a eu des effets dramatiques sur le chômage des jeunes. Cela se reflète aussi dans la diminution du taux d'emploi dans la tranche d'âge des 15-19 ans, mais on le remarque également dans le groupe des 25-29 ans. Pour la tranche d'âge des 15-24 ans, le chômage a augmenté de 18% entre juin 2009 et juin 2008, comparé à 11% pour le groupe des plus de 25 ans. Le rapport chômage des jeunes/population est passé à 12,4% pour la tranche d'âge des 20-24 ans en 2010, alors qu'il n'était que de 8,6% en 2008. Ce chiffre est pratiquement similaire pour le groupe des 25-29 ans. Ces données agrégées cachent d'énormes différences entre les régions de Belgique, et également entre les sexes. »
Ensemble nous pouvons et nous allons changer les choses
Stefaan Degryse, coordinateur national de la KAJ, explique: « L'activité réalisée à Ostende fait partie d'une campagne nationale. La KAJ a déjà organisé des activités analogues dans plusieurs régions de Belgique, par exemple à Alost, et elle fera la même chose à Anvers et à Gand. Il s'agit d'étapes qui déboucheront sur un événement national qui aura lieu à Bruxelles en novembre 2012. » Lorsque nous avons demandé à Stefaan pourquoi la KAJ avait lancé cette campagne, il a répondu: « Je vois des jeunes travailleurs qui doivent se battre pour trouver un emploi à cause de la façon dont les agences d'intérim les traitent. Les conséquences sont graves pour beaucoup de jeunes: leurs familles ou leurs amis ne croient pas qu'ils cherchent vraiment du travail. Certains les traitent de 'paresseux'. Ils ne peuvent pas épargner d'argent pour se construire un avenir heureux, par exemple ils ne peuvent pas obtenir de prêt pour acheter une maison. Alors ils doivent continuer à habiter chez leurs parents. Je crois que les jeunes travailleurs sont assez forts pour relever ces défis, la tête haute. Ensemble nous pouvons et nous allons changer les choses. »
La JOCI soutient fortement l'action menée par la KAJ. Le mouvement international poursuit son combat en faveur des droits des jeunes travailleurs. Nous continuons à renforcer nos actions et notre campagne internationale en faveur de la « Protection sociale – pour un travail décent, une éducation de qualité et l'égalité entre les genres dans la société ».
Des défis à relever
En se basant sur cette campagne, la JOCI a identifié des défis à relever pour améliorer les conditions des jeunes et leur garantir une protection sociale.
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Les agences d'intérim devraient respecter les droits des demandeurs d'emploi et améliorer la façon dont elles les traitent.
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Le secteur privé a un rôle important à jouer, surtout en respectant les lois du pays qui énoncent les droits des jeunes travailleurs. Il doit créer des possibilités d'emploi et offrir des contrats de longue durée aux jeunes sans passer par des intermédiaires, comme le préconise la campagne sur un travail décent promue par la JOCI et d'autres institutions internationales.
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Les États doivent jouer un rôle majeur en améliorant les capacités des jeunes par le biais de la formation, de cours techniques et d'autres moyens. Ils devraient créer des possibilités d'emploi qui contribueront au développement de la société et des jeunes. Il convient de noter que les politiques d'austérité actuelles rendent difficile la création d'emplois dans les pays. Les États doivent également défendre leurs citoyens dans l'intérêt commun. Par conséquent, ils doivent réglementer le système et la façon de traiter les jeunes travailleurs, et ils doivent assurer des inspections régulières.
La JOCI tiendra son Conseil international au Ghana (Afrique) en août 2012. La KAJ et tous les mouvements affiliés à la JOCI sont invités à y participer. Les jeunes dirigeants des différents pays pourront partager et échanger leurs expériences de lutte et de défense des droits des jeunes travailleurs.
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« La vie, c’est comme une bicyclette,
il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre »
Par Kévin Côté
J’ai 27 ans et je fréquente la JOC de Québec depuis l’été 2012. Je travaille comme technicien en informatique au gouvernement du Québec. Les raisons qui m’ont poussé à travailler dans le secteur public sont ma fierté du Québec et le goût de contribuer au bien commun. J’ai commencé en 2009 à Montréal et j’ai ensuite eu la chance de devenir employé permanent à Québec. J’ai rencontré Christina qui m’a parlé de la JOC et j’ai participé à ma première activité durant l’été 2012 : le rallye camping. J’ai vraiment apprécié mon expérience. La nature nous permet de relaxer et crée une belle ambiance de gang [Ndlr : désigne un groupe d’amis au Québec].
J’ai vraiment aimé les échanges que j’ai eus, car je partage beaucoup de points communs avec les gens du mouvement. Je me remets souvent en question par rapport à mon métier et les moments de discussions comme celles au rallye ouvrent la voie à des réflexions. Par exemple, j’ai été très intéressé par le parcours de David qui, comme moi, a déjà travaillé en informatique, mais qui se cherchait encore dans le monde du travail. Cette activité fut donc pour moi très inspirante et me donna envie de continuer à fréquenter la JOC. Depuis, j’ai eu la chance de participer à beaucoup d’événements jocistes et à m’impliquer à ma manière. Le mouvement a influencé ma vie de tous les jours et plus principalement au travail. J’ai osé plus que jamais, j’ai suivi mes instincts et mon envie d’aller vers une implication sociale plus importante.
« Nous sommes tous des travailleurs, nous avons tous le droit de nous organiser »
Quel rôle as-tu au sein de ton mouvement national ?
Je suis militante au sein de la coordination de la JOC du Guatemala. Nous sommes une petite équipe de militants qui coordonnent les activités des groupes.
Quelles sont les activités principales de la JOC du Guatemala aujourd’hui ?
Nos priorités sont les actions personnelles réalisées sur nos lieux de travail. Par ailleurs, nous travaillons à l’extension du mouvement. Nous sommes en plein processus d’investigation et d’initiation dans deux villes supplémentaires et nous assurons l’accompagnement de nouveaux groupes de base qui ont été créés dans la zone métropolitaine de la ville de Guatemala (la capitale).
Quelle est ton expérience personnelle d’action ?
J’ai presque toujours travaillé pour le gouvernement. Là il y a un problème de flexibilisation du travail. Ils ont des contrats d’embauche qui leur permettent de réduire les droits des travailleurs. Dans mon dernier emploi au sein d’une institution de droits humains, la majorité des travailleurs n’avaient pas accès aux droits du travail établis. S’agissant d’une institution de droits humains, il y avait là une énorme contradiction.
L’année des élections se profilait et au Guatemala, normalement, un changement de gouvernement entraîne le changement de tout le personnel des institutions publiques. La menace d’un licenciement pesait donc sur nous et nous savions qu’il était possible qu’un gouvernement militaire arrive de nouveau au pouvoir. Finalement, nous avons décidé de créer un syndicat qui avait 3 objectifs.
« Je n’ai pas de contrat direct et pas de stabilité dans ma vie ! »
Après mes études secondaires, j’ai obtenu une licence en administration des entreprises. J’ai cherché un emploi pendant six mois et toutes mes lettres de candidature étaient rejetées pour le même motif : « Vous n’avez pas d’expérience de travail » ou « Nous recherchons des personnes avec plus d’expérience »… Même lorsque les offres d’emploi annonçaient des postes pour de nouvelles recrues, on me disait : « Nous avons trouvé quelqu’un ayant plus d’expérience ».
En résumé, j’ai finalement obtenu un emploi à travers une agence d’intérim. Je travaille dans le département achats d’une grande entreprise qui se situe près de chez moi. Mais ce boulot ne demande pas de compétences universitaires. Mon salaire correspond plus ou moins à celui des personnes qui ont été engagées directement par l’entreprise pour le même poste, mais ces personnes travaillent avec un « acheteur » alors que je travaille seule.
Je me sens bien accueillie – la plupart de mes collègues ne savent même pas que je suis payée par une agence d’intérim. Je bénéficie des mêmes réductions que les employés engagés directement par la firme – par exemple, une réduction à la cantine. J’aime vraiment bien mon travail et mes collègues.
Mais je remarque malgré tout que je suis une employée intérimaire – surtout en ce qui concerne mes vacances et mon salaire. Les « employés directs » ont 30 jours de congé par an et ils ne travaillent pas la veille de Noël et la veille du Nouvel-An. Moi, par contre, j’ai 24 jours de congé par an (le minimum légal) et je suis obligée de prendre un jour de congé à ces deux dates (parce que l’entreprise ferme ces jours-là). Par ailleurs, J’ai plus difficile de prendre congé que les employés directs parce que je dois d’abord demander la permission à mon patron, puis je dois aller à l’agence pour qu’ils signent ma demande de congé.
La jeune travailleuse quitte sa maison tous les jours à quatre heures du matin. Pour arriver au travail, elle doit traverser toute la ville. Elle voyage environ deux heures en bus, puis elle doit marcher à peu près une demi-heure pour rejoindre la communauté où elle enseigne à des enfants de familles défavorisées. Le quartier où elle travaille est pauvre, marginalisé et le taux de violence y est élevé.
Sur le tronçon qu’elle doit parcourir à pied, des femmes ont été violées, et les bus qu’elle utilise pour arriver et quitter cet endroit sont ceux qui, selon les statistiques nationales, enregistrent le plus d’attaques armées, d’agressions et d’accidents provoqués par la négligence des chauffeurs.
Pour rentrer chez elle, elle doit refaire le même trajet en sens inverse, mais cette fois, dans des conditions pires encore : dans des bus qui sont bondés, qui avancent lentement dans les longues files de voitures qui traversent la ville.